Le journal de Setchaya

Oui, encore un nouvel article lié aux contes. Faudra vraiment vous y habituer !

Deuxième partie de l'atelier sur l'oralité le week-end dernier. Nous nous sommes essayés à de nouveaux exercices après des échauffements longs mais tellement amusants.

Il y a eu par exemple un exercice de totale impro pour lequel nous devions décrire les images qui nous passaient en tête. Cela pouvait passer du coq à l'âne ou rester sur une suite d'images qui se suivent. Peu importe, c'est le cerveau qui décidait. Un exercice très intéressant mais loin d'être évident. On a parfois l'impression de tourner en rond, ou les images vont tellement vite qu'on s'embrouille, on ne sait plus trop où on en est et on perd le fil.

Hier, nous avons terminé avec un exercice que j'ai adoré. Les formatrices nous ont proposé des dizaines de vieilles photos en noir et blanc. Il nous fallait en choisir une, celle qui nous parlait le plus. Ensuite, nous avions 30 minutes pour inventer une histoire qui incorporait la photo à un moment.

La grande difficulté était donc de choisir la bonne. Pas évident car à chaque photo qu'on regarde, c'est une histoire qui débute dans notre tête.

Et puis je la vois. La photo. Elle représente une rue. Des rails de tram passent dans la rue. Il y a un café au coin de la rue, et ensuite une épicerie, une pâtisserie et une boucherie qui se suivent. Directement, j'ai en tête l'image d'un homme pétrissant son pain dans l'atelier. Il fait cela avec beaucoup d'attention, mais il a le regard triste.

Hop, tout s'enclenche dans ma tête. Je mets vite fait en place les personnages, le lieu. Je réfléchis à l'histoire : pourquoi est-il triste? J'élabore une structure simple, j'essaie de construire mon histoire de façon à ne pas tout dévoiler directement et laisser un peu de suspense. Que le "public" comprenne ce qu'il se passe avec les indices qui lui sont donnés.

Tout cela se fait en silence. A aucun moment l'un d'entre nous ne racontera son histoire oralement (pour s'entraîner). Un comble pour un atelier sur l'oralité.

C'est l'heure de passer. D'abord un premier. Une histoire belle et touchante. C'est mon tour. Je monte sur scène et tout débute. Les images se mettent en place très vite. Je tiens le fil, je prends mon temps, j'explique. Je place quelques dialogues. J'essaie de dire ce qu'il faut, mais ne pas ajouter de superflu. J'arrive au dénouement. Je frissonne. Je descends de scène avec un grand sourire.

Je suis content. De ce que j'ai fait, bien entendu. Mais je suis surtout content pour les personnages. Je suis content que l'histoire se termine bien, qu'après quelques malheurs ils vont pouvoir s'en sortir. En moins d'une heure, je me suis attaché à des personnages sortis de mon imagination. J'ai l'impression de les connaître, d'avoir été présents durant ces moments difficiles.

Heure du débriefing. Ils ont aimé mon histoire. J'ai pu faire passer des sentiments à travers les personnages, mais aussi lorsque je narrais l'histoire. Le suspense que je voulais créer était là. Mes images étaient claires et se succédaient. J'entends du positif, et je suis ravi. Pas d'avoir "bien fait", mais surtout ravi d'avoir fait passer ce que je voulais faire passer, d'avoir pu donner ce suspense que je cherchais à mettre. Et ravi d'avoir été chamboulé par cette histoire.

Les histoires défilent les unes après les autres. Elles sont belles, tristes, émouvantes. Chaque personne y place une partie de lui. C'est étonnant et troublant. Il y a de la sincérité qui émane des histoires. Et surtout, elles sont toutes riches. C'est dingue ce que l'être humain est capable de faire. C'est un véritable trésor qui se cache au fond de chacun d'entre nous.

Je suis alors rentré chez moi, le sourire aux lèvres. Une fois de plus, je n'ai qu'une envie : passer au prochain atelier.

Je ne vous avais plus embêté avec cela depuis longtemps, ce n'est pas pour cela que c'est fini. Loin de là.

Hier était un jour important. Je passais mon examen d'entrée à l'Ecole du Conte de Bruxelles. Il fallait préparer un conte selon les techniques apprises et le raconter devant un groupe de formateurs. Sur base de cela et d'un entretien de motivation, ils nous disaient si oui ou non on pouvait débuter la formation.

Il y a deux semaines, j'avais sélectionné un conte. Je l'avais préparé (chapitrage, courbe des températures, rédaction d'un texte provisoire). Je m'étais finalement mis à le dire mais je trouvais que quelque chose coincait. Du coup, grosse remise en question et recherche d'un nouveau conte.

J'en sélectionné un nouveau conte 6 jours avant l'examen d'entrée. C'est reparti de zéro. Le week-end fut rempli de répétitions en tout genre. J'ai également pu profiter de mon lundi matin pour répéter car je ne donne cours que l'après-midi.

Petit passage à la salle de sport en début d'après-midi pour un peu me détendre puis à l'école pour donner cours. Une heure sur les deux prévues car je devais me rendre à mon examen à 16h.

Je termine les cours à 15h20, je file en quatrième vitesse vers ma voiture. Je prends la route et tombe évidemment dans des bouchons. Gros ralentissements, gros stress. Je vois les minutes qui passent et l'heure qui approche. Stress au maximum.

J'arrive finalement devant les portes de la Maison du Conte 5 minutes avant mon examen. J'essaie un peu de me détendre mais bon. Vient le moment. Le vrai. J'entre et je vois huit formateurs gentiment assis qui me disent bonjour et m'invitent sur scène. Hum.

Et je commence.

Je raconte mon histoire et cela semble leur plaire. Ils rigolent même ! Un formateur m'arrête après un peu moins de dix minutes et on me demande pourquoi je veux démarrer la formation. Je réponds. S'en suit une délibération de deux minutes (sans moi évidemment). On me rappelle et on me souhaite la bienvenue dans le groupe! Je suis soulagé, évidemment! En plus, on me félicite pour mon énergie et mon humour ^_^

Je suis ravi de tout cela et je suis impatient. Je reste un peu effrayé de ce qui va se passer, mais j'attends cela depuis de très nombreux mois à présent.

Je sais que ce ne sera pas toujours facile, qu'il y aura même des moments difficiles, démoralisants ou stressants. Mais je suis content de me lancer dans un nouveau défi. Depuis petit, je voulais tenter de suivre des cours de théâtre mais je ne l'ai jamais vraiment fait. Ici, il ne s'agit pas de théâtre mais de contes. Encore mieux! Je suis certain que cela m'apportera beaucoup, aussi bien du point de vue créatif et personnel. J'espère aussi que le groupe dans lequel je vais tomber sera chouette >_<

Courage >_<

Oh? Mais qu'est-ce donc? Une nouvelle catégorie? Comment est-ce possible?

Tout a commencé avec Vashna. Vous inquiétez pas, je ne compte pas raconter sa naissance, la création du monde, toussa toussa. Je parle simplement de Vashna qui a suivi les premiers ateliers sur les contes et la tradition orale. Je dis bien les premiers car, avant de se lancer dans la formation longue, elle m'en avait déjà parlé.

J'ai gardé ça dans un coin de ma tête et, lorsque j'ai eu enfin un peu de temps, je me suis lancé dans le premier atelier. Je ne sais pas trop à quoi je devais m'attendre. Je n'avais rien demandé à Vashna, je ne savais même pas quelle allait en être la finalité. J'ai donc entamé l'atelier et j'ai profité de ce que je découvrais. Et je trouvais ça vachement bien.

L'atelier s'est déroulé sur deux week-ends. Je peux affirmer que mon état était particulièrement lamentable le dimanche soir vu l'énergie que cela prenait. Mais lorsque l'atelier s'est terminé, j'avais juste envie de continuer. J'ai donc suivi le deuxième atelier durant les vacances d'été. Pareil, j'ai profité, c'était fatiguant mais lorsque ça s'arrête, juste l'envie de continuer reste. J'attends donc à présent de pouvoir entamer le troisième module qui devrait se dérouler dans quelques mois.

Et je débuterai sans doute la formation longue l'an prochain... si c'est possible bien entendu. Oui, je suis un peu taré, mais j'ai vraiment accroché. D'autant plus que mes cours de solfège se terminent cette année, ce sera donc une bonne chose en moins. Et il se peut aussi que j'arrête les cours à l'université. Cela me fera des semaines plus légères, mais cela signifie que je peux aussi m'embarquer dans une nouvelle aventure. Et celle-ci me semble plutôt passionante. Surtout que des projets dans ce domaine, j'en ai. Il y en a même un qui est en cours, mais chuuuuuut c'est pas encore l'heure :-p

Pour patienter, je lis des contes. J'ai également trouvé un atelier qui se déroule une fois par semaine et qui est animé par une conteuse professionnelle. Je vais sans doute y aller à partir de janvier afin de patienter jusqu'à la formation longue. Le contact est bien passé avec l'animatrice et cela m'attire sur le papier. Cela "m'obligera" aussi à travailler mes contes et à garder un pied dedans. Et puis, toute expérience est bonne à prendre, non?

Bref, de nombreux projets en perspective. J'ai hâte d'y être, même si je sais que je râlerai le moment venu... mais c'est le propre de l'être humain!